Le gouvernement américain s’attaque au monopole de Google

Gabriel Gagnon Internet, Nouvelles, Société Leave a Comment

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Le département de la Justice des États-Unis poursuit Google pour abus de position dominante et pratiques anticoncurrentielles. On reproche à Google d’être la porte d’entrée unique du Web avec son moteur de recherche qui détient près 90 % des parts de marché et d’utiliser des stratégies pour exclure toute concurrence.

Jeffrey A. Rosen, département de la Justice des États-Unis. Photo: New York Times

Jeffrey A. Rosen, département de la Justice des États-Unis. Photo : New York Times

Le procureur général adjoint des États-Unis estime que cette poursuite est un événement historique pour le Département et constitue une avancée majeure dans la protection de la concurrence dans l’industrie des technologies. Jeffrey A. Rosen veut toutefois réitérer l’indépendance du système judiciaire américain. Il précise que cette poursuite n’a rien à voir avec les doléances du président Donald Trump et des républicains qui accusent les géants de la technologie de biais politique contre les conservateurs. (Lire : Facebook, je te quitte et je n’ai aucun remords) La justice américaine veut aussi s’attaquer au monopole de Google sur la publicité en ligne.

M. Rosen n’a pas voulu confirmer que les avocats du gouvernement ont parlé à Larry Page, le cofondateur et ancien PDG de l’entreprise. Les avocats du gouvernement n’ont pas discuté non plus avec les journalistes de solutions à mettre en place pour régler les problèmes structurels de l’entreprise. « Nous n’excluons aucune option, mais la question des remèdes devra être décidée par le tribunal après avoir entendu nos arguments. »

On peut lire dans la plainte : « Les consommateurs américains sont obligés d’accepter les politiques de Google, les pratiques de confidentialité et l’utilisation de leurs données personnelles. Les nouvelles entreprises dotées de modèles innovants ne peuvent pas sortir de l’ombre de Google. »

La justice américaine accuse Google de forcer les consommateurs et les annonceurs à utiliser son moteur de recherche sur Android, de forcer l’installation de ses services et d’empêcher leur désinstallation. On reproche aussi à l’entreprise de Mountain View de déverser des milliards de dollars sur l’industrie, à Apple et Mozilla par exemple, pour être (et rester) le moteur de recherche par défaut sur presque tous les appareils qu’on utilise.

« Cette poursuite va contre l’intérêt du consommateur »

La réaction de Google ne s’est pas fait attendre. En fait, on a l’impression en regardant le billet de blogue qu’elle n’attendait que le déclenchement des procédures pour cliquer sur publier. L’entreprise parle d’une plainte « douteuse » et croit que les gens utilisent Google par choix, pas parce qu’ils sont forcés ou qu’il n’y a pas d’alternatives. Elle explique que « nous ne sommes pas en 1990, quand changer de service était long et compliqué, et nécessitait l’achat et l’installation d’un logiciel avec un CD-ROM. » Elle explique que les consommateurs peuvent très facilement n’utiliser aucun de ses services.

Selon les services juridiques de Google, les pratiques de l’entreprise ne portent pas ombrage à la concurrence, la preuve, des magasins d’applications peuvent être installés, le moteur de recherche de Chrome peut être remplacé et les constructeurs peuvent installer des services concurrents sur leurs appareils, comme Samsung le fait pour les services Microsoft.

Enfin, la justice sort les dents!

Les violons de Google n’impressionnent personne. Plusieurs élus américains sont d’ailleurs bien heureux que ce monopole passe finalement devant les tribunaux.

On ne peut absolument pas nier la position dominante de Google sur le web. L’entreprise opère le premier moteur de recherche du monde, la plus grosse plateforme de diffusion en continu, un service de courriels utilisé par 1,5 milliard de personnes et le plus populaire service de cartographie.

Un rapport du congrès avait d’ailleurs très bien expliqué comment la compagnie fondée par Larry Page et Sergey Brin avait un modèle d’affaire problématique. Selon la commission judiciaire de la Chambre des représentants, trois éléments sont inquiétants. Selon le résumé du New York Times :

  • Google a maintenu son monopole de recherche en récupérant des informations auprès de tiers sans autorisation pour améliorer les résultats de recherche. Dans d’autres cas, il a introduit des changements dans la recherche pour donner une longueur d’avance à ses propres services et désavantager ceux des concurrents.

Sundar Pichai, PDG de Google, devant le congrès des États-Unis. Photo : Getty

  • Le comité a constaté que l’entreprise ne ménage aucun effort pour garder la recherche Google au premier plan des utilisateurs. Dans le passé, elle a obligé les fabricants de smartphones à installer la recherche Google afin d’utiliser son logiciel Android et d’avoir accès à son magasin d’applications Google Play. Elle paie des milliards de dollars à Apple pour être le moteur de recherche par défaut sur les iPhone et prend des mesures pour empêcher les utilisateurs de changer de moteur de recherche sur Chrome.
  • Google a neuf produits avec plus d’un milliard d’utilisateurs. Cela fournit à l’entreprise une mine de données qui peuvent être utilisées comme une « intelligence commerciale quasi parfaite » et renforce sa domination, car Google peut suivre en temps réel les nouveaux produits ou services que les gens utilisent pour surveiller de près les concurrents.

Ce sera maintenant à la cour de trancher sur les pratiques de Google. Je suis par contre d’avis qu’il est plus que temps que les élus et la justice se penchent sur les monopoles sans scrupule des géants de la techno.

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