Acheter une montre intelligente, c’est ajouter un verrou de plus aux murs d’un écosystème. Il est donc primordial de bien réfléchir au type d’expérience qu’on désire, parce que cette dépense pourrait finir par coûter cher si on veut tout remplacer. Deux grands systèmes s’affrontent, chacun lié intimement à sa plateforme mobile maitresse. Alors, entre watchOS sur une Apple Watch ou Wear OS 3 sur une Galaxy Watch 4, le choix est-il si simple en 2022?
Du matériel de grande qualité chez Samsung et Apple
Les deux concurrents offrent chacun des produits de grande qualité. Les montres rondes de Samsung se différencient bien du style bien carré d’Apple. S’il est toujours très facile de reconnaitre une Apple Watch sur un poignet, les Galaxy Watch4 et Watch4 Classic se camouflent bien mieux, surtout si on y installe un cadran à aiguilles. Le modèle Classic ajoute le cachet d’une bordure métallique, rotative qui plus est.
Ajoutons l’écran allumé en permanence et vous donnez l’impression d’avoir une véritable montre mécanique au poignet. Évidemment, le look « vraie montre » s’amenuise selon le cadran choisi. Certains font très « ordinateur de poignet », surtout en mode économie d’énergie où les couleurs vives sont remplacées par du noir.
Les deux montres de Samsung sont bien construites, avec un boîtier en métal et une face avant et arrière en verre. La Classic est plus épaisse et plus encombrante que la version de base, plus mince et plus sportive. La première est offerte en noir ou en gris, la sportive en noir, gris ou or rose. Avoir à choisir, j’irais pour la version de base au boîtier noir.
Apple persiste à garder une forme carrée et des bordures arrondies pour sa montre intelligente. Selon le constructeur, c’est le meilleur format pour une interface numérique, du texte et des listes. On y reviendra.
L’entreprise de Cupertino n’offre pas de formats différents comme son concurrent coréen. Toutes les Apple Watch ont la même forme et le même look. On peut quand même choisir le boîtier de la montre. De base, la montre est en aluminium et en verre, cinq couleurs sont disponibles. La Series 7 est disponible en aluminium, en titane et en acier inoxydable. Vous seriez bien bon de remarquer les différences d’un coup d’œil. Si les montres Samsung ont une bordure rotative, celles d’Apple ont une couronne numérique. Tournez-la pour naviguer dans l’interface watchOS.
La face carrée de la montre pommée ne permet pas d’afficher un cadran qui pourrait ressembler parfaitement à une montre classique, même si certains cadrans offerts essayent très fort. Les cadrans ronds se perdent un peu au milieu de l’écran carré et ceux qui affichent des chiffres sur les bordures n’arrivent pas à camoufler le fait qu’on porte un ordinateur au bout du bras.
Niveau autonomie de la pile, les deux montres se ressemblent et peuvent être portées une journée et demie. Selon mon expérience, les Galaxy Watch sont moins constantes et prévisibles que leur concurrente. L’Apple Watch atteint toujours, ou presque, la journée et demie avant de réclamer son chargeur. Évidemment, si on passe la journée en forêt et qu’on lui demande de suivre notre randonnée, la batterie se videra plus rapidement.
Samsung en montre à Apple sur la santé
À quoi sert une montre intelligente? Au lancement de sa Watch, Apple la présentait comme un accessoire mode qui permettait d’accéder à des applications et ses notifications sur son poignet. Je vous rappelle qu’on avait présenté une version en or 24 carats en 2015. Elle a été discontinuée dès le lancement de la Série 2.
Aujourd’hui, si les apps et les notifications font encore partie des raisons pour lesquelles on s’achète une montre connectée, le sport est bien plus important pour plusieurs utilisateurs. Quelle montre entre les deux à l’essai serait la meilleure pour suivre sa condition physique? Clairement les Galaxy Watch 4.
Les capteurs des montres Samsung permettent de compter ses pas, les calories brûlées quotidiennement, les calories pendant une activité, la distance (d’une course, d’une balade en vélo, etc.), la durée totale de l’activité, suivre la qualité du sommeil, le niveau d’oxygène dans le sang (SPo2 ; à la demande et pendant le sommeil), sa fréquence cardiaque au repos et pendant un sport. Techniquement, les Galaxy Watch 4 peuvent aussi effectuer un électrocardiogramme (ECG) et mesurer la pression artérielle, mais ces fonctions ne sont pas disponibles au Canada.
Les capteurs de la montre peuvent calculer votre niveau de stress, ce que n’offre pas l’Apple Watch. Si vous êtes stressé, vous êtes probablement déjà au courant. Par contre, ce qui est intéressant avec ces données, c’est de suivre la tendance. Combien de fois ce mois-ci ai-je été stressé? Est-ce plus qu’à la normale? Est-ce qu’il y a une raison? Ces informations permettent de mieux se connaître et peut-être d’inciter à aller consulter pour aider à mieux gérer ce stress.
Les dernières montres Samsung permettent aussi de mieux connaître la composition de son corps grâce à une analyse complète par trois capteurs différents. Ça comprend le taux métabolique basal, la rétention d’eau, le rapport squelette : muscles et le pourcentage de graisse corporelle.
Si vous êtes friand de statistiques, vous allez aussi adorer suivre votre sommeil avec cette montre. Elle joint les données de mouvements de l’accéléromètre, du lecteur de fréquence cardiaque et du taux d’oxygène dans le sang pour vous présenter un score de sommeil au réveil.
Tant les Galaxy Watch 4 que les différents modèles d’Apple Watch sont résistantes à l’eau et peuvent suivre un entrainement en piscine. Samsung reconnait environ 90 sports différents, alors qu’Apple en compte 17 (sans compter la catégorie « Autre »). Des applications téléchargeables via l’App Store permettent de suivre des sports non inclus dans l’app Exercice d’Apple, comme le ski et la planche à neige avec Snoww.
L’Apple Watch est aussi capable de suivre plusieurs signes vitaux. La Series 7 est équipée d’un ECG (fonctionnel au Canada), d’un lecteur de fréquence cardiaque et de taux d’oxygène sanguin. L’altimètre, le gyroscope, l’accéléromètre et la boussole permettent de détecter l’altitude, les mouvements, de compter vos pas, votre cadence de nage ou de course, etc.
La version SE n’a pas l’équipement nécessaire pour effectuer un ECG ou pour mesurer le SPo2. Ces capteurs sont réservés au modèle le plus cher de la gamme actuelle. Vous pourriez toujours trouver une Series 6, 5 ou 4 usagée si l’ECG est essentiel.
Aucune montre Apple ne peut analyser la composition corporelle ni mesurer le stress. Elles peuvent suivre de façon bien minimale le sommeil avec une app intégrée, mais les applications tierces seront plus utiles.
Les montres de Samsung ont une bonne longueur d’avance pour tout ce qui touche à la santé. Elles comptent plus de capteurs différents, plus d’options de suivi, reconnaissent plus de sports… et tout ça s’intègre très bien dans l’application Samsung Health Monitor fournie avec votre téléphone Samsung. Apple fait du surplace sur ce plan depuis quelques années.
C’est plutôt sur le flan de l’intégration logicielle qu’Apple accentue toujours son avance.
Intégration logicielle : Avantage Apple
Avant d’aller plus loin, il est important de noter que les Galaxy Watch 4 de Samsung ne se connectent qu’à un téléphone Android et que les Apple Watch ne fonctionnent qu’avec un iPhone. Pourquoi donc cette comparaison, alors? Parce que les montres des deux constructeurs sont les leaders sur leur marché respectif et je crois qu’on doit regarder des deux côtés avant de faire un choix. Elles sont surtout un verrou de plus au jardin fermé dans lequel vous vous trouvez. Vaut mieux faire le bon choix!
Et niveau écosystème fermé, mais confortable, celui d’Apple est difficile à battre. L’Apple Watch se connecte non seulement aux autres appareils de la marque, mais elle leur ajoute de nouvelles fonctions. Elle peut déverrouiller un Mac et un iPhone, contrôler la musique diffusée sur un HomePod, allumer des lumières intelligentes, débarrer une porte, répondre aux textos et synchroniser leur statut entre téléphone, montre, Mac et iPad. Elle sert de clé à la connexion à deux facteurs d’iCloud, de portefeuille numérique pour payer son épicerie, scanner une carte Air Miles, même de télécommande à l’appareil photo de son iPhone.
Un lien reçu par texto peut être ouvert sur la montre puis, grâce à Handoff, synchronisé avec son iPad pour le consulter sur grand écran. Un livre audio acheté sur son téléphone peut être écouté sur sa montre pendant sa course, sans avoir à apporter son téléphone. Les AirPods se connectent d’ailleurs automatiquement à l’Apple Watch après avoir été programmés à un iPhone. Évidemment, tous ces ajouts se font sans grands efforts.
Même la première connexion à l’iPhone est d’une simplicité déconcertante. On approche la montre de son téléphone, une fenêtre apparaît pour lancer la programmation, on pointe la caméra à la montre et puis voilà! La montre se connecte et il ne reste qu’à cocher quelques cases pour accepter les conditions d’utilisation, choisir son objectif d’activité, etc.
Chez Samsung, cette étape est plus fastidieuse. On doit d’abord télécharger l’app Galaxy Wearable depuis le Play Store, chercher sa nouvelle montre, confirmer le code à 6 chiffres puis accepter une tonne d’autorisations, télécharger le plug-in Galaxy Watch4, accepter d’autres autorisations, connecter son compte Samsung, connecter son compte Google, télécharger Samsung Health et activer Samsung Health en y connectant son compte Samsung.
Pour ajouter des applications sur sa montre Galaxy, il faut soit les télécharger directement sur la montre depuis le Play Store ou cocher la montre quand on installe une app sur son cellulaire. La version montre ce celle-ci ne s’installera pas automatiquement, à l’inverse de la tocante pommée.
Et comme Samsung ne contrôle pas d’écosystème de bout en bout, elle ne peut pas intégrer facilement de fonctions profondes comme son concurrent. Le géant coréen travaille toutefois avec Microsoft pour connecter ses téléphones à Windows, mais les Galaxy Watch4 ne font pas partie de l’équation, pour le moment du moins.
Conclusion : la santé ou l’écosystème?
Le marché des montres intelligentes est pris dans une étrange situation. L’Apple Watch est la seule montre qui s’intègre profondément à iOS, et les Galaxy Watch sont les seules montres de grande qualité à se connecter à un téléphone Android. Cette compétition sans réel combat crée un marché assez lent à évoluer.
Apple n’a pas vraiment fait évoluer watchOS depuis sa création, ni fait de grandes avancées sur les fonctions sportives. Le nuage d’application est toujours identique, plusieurs développeurs se sont retirés de la plateforme par manque d’enthousiasme de la part des utilisateurs et l’intelligence artificielle promise avec le cadran Siri reste inutile. Niveau santé, le client reste limité dans le choix de sports suivis et l’utilité de certaines fonctions reste questionnable. Par exemple, le suivi du taux d’oxygène dans le sang ne s’intègre pas au suivi du sommeil. On a juste la donnée, sans savoir quoi en faire.
L’entreprise a plutôt réussi à rendre la vie plus facile dans son écosystème à ceux qui portent sa montre. Le déverrouillage automatique d’un iPhone muni de FaceID pour ceux qui ont un masque sur le visage en est un bel exemple. La facilité avec laquelle on peut gérer ses notifications, contrôler sa musique ou même déverrouiller sa porte en sont d’autres.
Chez Samsung, c’est tout l’inverse. L’intégration à un écosystème est assez limitée et c’est tout récent qu’on puisse installer des applications Wear OS sur les Galaxy Watch. Les autres montres qui utilisent ce système d’exploitation n’étant pas très populaires, la plateforme est très peu attirante pour les développeurs. On espère que les Galaxy Watch4 pourront changer la donne maintenant qu’elles fonctionnent sous ce système de Google. On peut bien sûr contrôler sa musique ou lire ses textos sur ces appareils, mais on ne peut pas envoyer du contenu sur sa tablette, déverrouiller son ordinateur, ni l’utiliser comme clé d’accès à son compte.
Le positif se trouve dans les fonctions de santé. Samsung Health présente beaucoup d’informations fournies par la montre et celles envoyées par les capteurs collés à soi sont recoupées et remâchées pour les rendre plus utiles. Le suivi de l’activité physique est poussé et très bien présenté. Le géant coréen a pris une longueur d’avance sur cet aspect de plus en plus important pour les utilisateurs.
Niveau qualité de fabrication, il n’y a pas vraiment de compétition. Apple et Samsung construisent des montres robustes, confortables et de qualité, en métal et en verre. Concernant la personnalisation, il y a une plus grande variété de bracelets pour Apple Watch, officiels ou non, même si Amazon se remplit de jour en jour de bracelets tiers pour montres Galaxy.
Est-ce que Samsung a entre les mains un meilleur produit qu’Apple? Je ne peux pas l’affirmer. Oui, elle offre plus de fonctions de suivi de sa santé, mais en contrepartie on perd tous les petits plus bien sympathiques de l’écosystème d’Apple. Si vous avez un iPhone, il n’y a pas de question : la meilleure montre intelligente pour vous est une Apple Watch. Si vous utilisez un téléphone Android, les Galaxy Watch4 sont probablement le meilleur choix. Et c’est encore plus vrai si votre téléphone est de marque Samsung.
Et les prix?
Vous trouverez plusieurs modèles d’Apple Watch. La version de 41 mm de la Series 7 est vendue 529 $, tandis que la grande de 45 mm est vendue 569 $. Son écran est immense, elle est équipée d’un ECG et d’un lecteur de taux d’oxygène sanguin, en plus de tous les autres capteurs traditionnels.
Vous pouvez opter pour l’Apple Watch SE qui offre des performances plus que correctes, mais fait l’impasse sur l’ECG et le lecteur SPO2. Le modèle de 40 mm est vendu 369 $ et la version de 44 mm se vend 409 $.
La Series 3 est toujours au catalogue, mais passez par-dessus. Elle n’est plus d’actualité. Son écran est petit et son processeur est vieillot.
La Galaxy Watch de Samsung est aussi disponible en plusieurs versions et est généralement moins chère que sa concurrente pommée. La Galaxy Watch4, la sportive, débute à 329 $ pour un boîtier de 40 mm. Si vous voulez un plus grand écran, le modèle au boîtier de 44 mm se vend 369 $.
La version Classic n’ajoute pas de capteurs ni de fonctions. Sa bordure rotative est en métal et tourne pour vrai, à l’inverse de la sportive qui a une bordure tactile. Comme son nom l’indique, elle a bel et bien l’air d’une montre classique. On peut facilement la faire passer pour une montre à aiguilles. Vous la trouverez en deux modèles, 42 mm et 46 mm. La première est vendue 459 $, la seconde est offerte à 499 $.
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