Apple a annoncé le 27 octobre dernier une toute nouvelle gamme de MacBook Pro et elle est loin de faire l’unanimité. Ces nouveaux ordinateurs sont pourvus d’un écran magnifique, d’un clavier redessiné, d’un poids plume, d’un immense trackpad, mais, d’uniquement 4 ports USB-C (compatibles Thunderbolt 3) et d’un processeur puissant, mais pas tout à fait dernier cri. Ça fait beaucoup jaser dans la presse spécialisée, mais sérieusement, il faut se calmer.
Le rôle du MacBook Pro
Commençons par analyser le rôle de ces machines. Le Mac, ou l’ordinateur personnel (PC) en général, n’a plus du tout le même rôle qu’il y a à peine 10 ans. À cette époque, le PC était le roi de notre vie informatique. On l’utilisait pour rechercher, jouer, écrire, naviguer, clavarder, etc. Toute notre vie numérique était concentrée dans cette grosse machine à clavier et écran séparés. Steve Jobs appelait le Mac le « digital hub », le noyau numérique.
Aujourd’hui, pouvons-nous en dire autant? Pouvons-nous affirmer que le PC est le centre de notre vie sur internet? La réponse est claire et simple : non! La plupart des tâches simples qu’on effectuait sur l’ordinateur personnel (clavarder, naviguer, gérer nos photos, rechercher, etc.) se font bien plus rapidement sur nos téléphones. Des téléphones qui sont munis d’une puissance désormais comparable à certains ordinateurs, d’ailleurs.
En 2016, le PC n’est donc plus le hub de jadis. Jobs, encore lui, a illustré la nouvelle stratégie d’Apple en rappelant que le Mac, l’iPad et l’iPhone étaient désormais des appareils clients du « cloud », que le Mac était devenu un camion fait pour des tâches plus lourdes.
La notion de camion est importante ici. Selon l’entreprise californienne, la grande majorité des gens n’ont plus besoin d’un ordinateur traditionnel. Un iPad suffit largement pour Facebook, Safari, Twitter, Word (avec un clavier) et même l’édition légère de photos. Le Mac se rend utile, quant à lui, pour de l’édition vidéo, de a retouche professionnelle, du développement d’application, de la création médiatique ou infographique, etc.
Mais les « pros » gueulent quand même!
Malgré le fait que cette stratégie soit assez claire et répétée par plusieurs hauts placés chez Apple, dont Jobs lui-même, un grand nombre de personnes ne veut pas changer ses habitudes, ou hésite. Ils ne veulent pas d’un « simple » iPad comme ordinateur principal (même si tout ce qu’ils font d’un ordinateur se fait tout aussi facilement sur une tablette). C’est de ces gens que vient généralement la critique sur le prix très élevé de ces machines. Ce qu’ils doivent comprendre, c’est qu’Apple a toujours pratiqué des tarifs très élevés, et, surtout, qu’elle ne semble plus considérer le grand public comme le client du Mac. Je reviens plus bas sur les tarifs.
Les professionnels, de leur côté, critiquent les choix radicaux de l’entreprise. Ils critiquent surtout qu’il n’y ait qu’une seule sorte de port disponible : le fameux USB-C. Comprenons-nous, tout le monde est d’accord que cette nouvelle norme USB est l’avenir et qu’on rigolera tous devant le gros, non-réversible, et monotâche USB-A, la norme depuis 20 ans. Par contre, le monde entier est équipé en périphériques à prises carrées. Tous ceux qui utilisent un ordinateur utilisent quelque chose USB. Alors, de ne pas avoir une seule prise d’un format utilisé depuis 20 ans choque, avec raison, et bouscule avec beaucoup trop de force les professionnels. Pourquoi ne pas en avoir laissé juste un? 3 USB-C et un USB-A. Le débat aurait été clos.
Exit aussi la prise HDMI, le port pour carte SD et le MagSafe. Tout passe par l’USB-C. Tout.
Pour un ordinateur portable, devoir traîner une tonne d’adaptateurs pour faire fonctionner ses appareils est une aberration. Oui, je suis 100 % d’accord avec la vision du port unique qui fait tout. Parce que, pour ceux qui n’étaient pas au courant, le USB-C peut transmettre de l’image, du son, des données et du courant, en même temps. Alors, oui, c’est le port du futur. Mais en ce moment, il n’y a pas grand monde qui peut en profiter.
Un problème de positionnement
Personnellement, je crois que le plus gros problème de cette gamme d’ordinateurs portables, c’est le positionnement de ceux-ci. Prenons une photo de famille. En ce moment, Apple vend :
- Le MacBook Air
- Le MacBook
- Le MacBook Pro avec écran Retina
- Le MacBook Pro sans Touch Bar
- Le MacBook Pro avec Touch Bar
MacBook Air : c’est le moins cher de la famille et celui équipé de l’écran de 13 pouces de la moins bonne qualité. Par contre, la batterie est incroyable, le processeur bien bien correct, un SSD très rapide et une panoplie de ports qu’on ne retrouve plus sur les nouveaux portables.
MacBook : il est cher, il a un écran Retina de 12 pouces d’une impressionnante qualité, un tout nouveau clavier plus mince, ne pèse presque rien, une solide batterie, mais il n’est pas super puissant à cause de son Core-M.
MacBook Pro Retina : C’est le Pro de l’an dernier, avec toutes les qualités et les défauts qu’on lui connaît. Il possède un solide écran de 13 pouces, un solide processeur, un clavier connu, des ports en bonne quantité et une batterie bien suffisante.
MacBook Pro sans Touch Bar : Une version allégée en tout point du Pro avec Touch Bar. On retrouve un processeur moins puissant, mais suffisant pour la plupart, pas de Touch Bar, un magnifique écran de 13 pouces, un énorme trackpad, *deux* ports USB-C et une puce Wi-Fi moins rapide (oui, vraiment…) et un poids plume, le même que le MacBook Air. En fait, Apple le positionne comme le remplaçant naturel du Air.
MacBook Pro avec Touch Bar : Ce modèle, c’est LE porte-étendard de la gamme Mac portable pour les professionnels de l’image, du son et du vidéo. Écran incroyable de 13 ou 15 pouces, processeur supra-rapide, un écran tactile qui remplace la ligne de touches de fonctions pour des boutons en contexte selon les applications, 4 ports USB-C, un trackpad immense, une solide batterie, un poids plume (le 13 pouces pèse la même chose que le Air) et un clavier adoré par la critique.
Faisons le ménage chez les MacBook
Si on analyse la situation, on se rend compte que c’est complètement le fouillis dans cette ligne d’ordinateurs. Personne ne comprend réellement le positionnement de chaque machine et tous s’entendent pour dire que le nom de ceux-ci rend le tout encore plus confus. Selon moi, et selon plusieurs observateurs, la gamme devrait plutôt ressemble à quelque chose comme ça :
- Le MacBook devrait s’appeler le MacBook Air. Il est le remplaçant naturel de celui-ci. Petit, mince et extrêment léger, il met l’accent sur la mobilité et sur une solide batterie. Sans ventilateurs et avec un processeur moins rapide, il devrait naturellement faire plaisir aux utilisateurs toujours en mouvement. Apple pourrait quand même garder le Air actuel au catalogue pour offrir une option moins dispendieuse.
- Le MacBook Pro sans Touch Bar devrait être le MacBook. C’est l’ordinateur de base que tout le monde connaît. Sans être impuissant, il n’est pas surpuissant pour le commun des mortels et devrait satisfaire pas mal tout le monde. L’ordinateur portable classique d’Apple et un bon moyen de montrer de quoi est capable l’entreprise en terme de miniaturisation et de design.
- Les MacBook Pro ne devraient pas avoir de distinctions entre avec ou sans Touch Bar. Une gamme pour ceux qui ont besoin de puissance mobile, point. On choisi ensuite la taille d’écran, 13 ou 15 pouces.
Personnellement, je crois qu’un coup de balai dans les noms aurait suffi pour calmer quelques critiques. Les gens auraient compris bien plus rapidement le positionnement de chaque machine et pourraient se faire une tête sur leur valeur. Un port USB-A de plus aurait par la suite calmé presque toutes les critiques qui disent qu’Apple est trop radicale. Oui, c’est vrai que ce sont des choix radicaux. Par contre, ce n’est pas les premiers que la firme de Cupertino fait. Elle a enlevé la prise Jack des iPhone, a enlevé le lecteur de disquette (ça avait fait grand bruit), a supprimé les ports FireWire de ses ordinateurs (alors que tous les pros les utilisaient) et a supprimé le lecteur CD de tous ses ordinateurs.
Pour ceux qui critiquent le prix, je ne peux rien pour vous. Ça a toujours été la marque de commerce d’Apple de vendre des appareils à prix très élevés en disant qu’on achetait une expérience supérieure, pas un simple ordinateur. C’est au consommateur maintenant à choisir s’il est prêt à payer pour ça, ou non.
Moi, j’en pense quoi du MacBook Pro 2016?
Moi, je crois que ce sont, premièrement, de magnifiques machines, et deuxièmement, que ceux qui ont les moyens de se les payer en seront extrêmement satisfaits. La Touch Bar semble être un ajout qui pourrait complètement changer la façon dont on interagit avec le contenu et les processeurs sont très bien capables de faire fonctionner les programmes les plus lourds. Non, ce ne sont pas les tout derniers d’Intel. Par contre, les chiffres le montrent, il n’y a presque plus de différence de puissance d’une génération à l‘autre. Intel semble avoir plafonné.
Je crois aussi que, comme pour tout, on va s’habituer au port unique et que d’ici quelques mois, les constructeurs d’accessoires se mettront à vendre une panoplie de disques durs, clés USB, souris, claviers et autre en USB-C. C’est l’avenir. Il faut juste passer au travers de la période de transition et tout devrait bien aller.
Je crois aussi, en terminant, que cette gamme d’ordinateurs répond à presque tous les besoins des différents types d’utilisateurs. Le seul problème, c’est qu’Apple s’est complètement mêlé les pinceaux avec sa nomenclature et ça mélange tout le monde.
Calmons-nous, donc, avec ces nouveaux MacBook Pro.
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