La télé va mal : quel avenir pour le petit écran?

Samuel Morier Articles, Chroniques, Opinion, Samuel Morier, Télé Leave a Comment

Connaissez-vous beaucoup de personnes autour de vous qui écoutent encore régulièrement la télé en direct, ou même la radio? J’ai beau y penser, mis à part mes parents, je ne suis pas capable de penser à d’autres personnes autour de moi qui sont encore abonnées au câble pour la télévision. La radio est peut-être encore un peu plus présente dans notre quotidien, ne serait-ce que parce qu’on peut l’écouter un peu partout gratuitement comme dans la voiture ou dans des endroits publics. Cependant, on peut tout de même affirmer que nos habitudes de consommation médiatique sont en train de vivre de profondes transformations, notamment en raison des services de diffusion sur demande, le fameux streaming.

La télévision en déclin

Depuis plusieurs années on parle de la fin de la fin imminente de la télévision. L’arrivée des services comme Netflix, Amazon Prime ou Crave a beaucoup modifié le paysage médiatique, et tout d’un coup l’offre s’est beaucoup diversifiée et elle est devenue beaucoup plus commode. On peut dorénavant écouter ce qu’on veut quand on veut. Après l’émerveillement initial, on a rapidement commencé à s’inquiéter de l’avenir de la télévision, avec raison.

Au Québec, depuis 2015, le nombre d’abonnés à un service de câblodistribution ou distribution par protocole Internet (IP), par exemple Helix, est en baisse constante. En fait, depuis 2021, il y aurait plus d’adultes québécois abonnés à un service de streaming qu’à un service de câblodistribution traditionnel. Les conséquences commencent déjà à se faire sentir. Pas plus tard que le mois dernier, on annonçait que le Groupe TVA et Québecor supprimaient 240 emplois en raison du contexte difficile dans le monde de la télévision.

Des millions de chansons d'ici et d'ailleurs | QUB musique
Le service Qub Musique de Québecor a été fermé dans la foulée des coupures de postes | Image: Québecor

Bon, j’ai l’air d’avoir un discours défaitiste, voire alarmiste, sur la disparition de la télévision. Mais je ne pense pas que ce soit la fin. Il suffit qu’elle s’adapte. On a bien vu ce qui s’est passé avec les clubs vidéo, on ne s’est pas trop méfié, et hop, ils sont disparus en l’espace de quelques années. Eh bien, je crois que ça pourrait être un peu la même chose pour la télévision. Si on s’en-tête à garder la même formule et à ne pas réagir, c’est sûr que la partie sera perdue. Mais si on s’efforce à réimaginer la télévision et son rôle, on peut espérer un futur plus positif. On ne se contera pas d’histoire, l’âge d’or est terminé, et le monde télévisuel ne sera plus comme avant. Même si on est tous d’accord de l’importance d’avoir un secteur télévisuel en santé au Québec, c’est un vecteur culturel si important et rassembleur.

S’adapter pour survivre

Le temps où on se retrouvait dans le salon en famille le mardi soir à 19 h pour écouter son « programme » est terminé. Les rendez-vous télévisuels à heure fixe sont terminés. On voit que les diffuseurs jouent déjà sur le même terrain que les géants du web avec des plateformes comme Tou.Tv, TVA+, Noovo.ca. Même qu’ils poussent la concurrence encore plus loin avec le Club Illico et Crave. Du côté de CBC/Radio-Canada, on a même déjà annoncé l’intention de faire un virage complètement numérique au cours des prochaines années.

CBC Gem, Noovo.ca, ICI Tou.TV, Club Illico, Crave, TVA+

Mais ce n’est pas la fin pour autant. Le diffuseur public canadien a l’obligation de desservir l’entièreté de la population canadienne, tant et aussi longtemps qu’il n’y aura pas une connexion Internet haut-vitesse adéquate partout au pays. Si CBC/Radio-Canada planifie de faire ce changement, parions que les autres réseaux y ont pensé aussi.

Sous une forme ou une autre, la télé sera toujours présente. Les grands événements en direct comme le sport, les bulletins de nouvelles, les galas, les soirées électorales ou même des émissions de variété comme La Voix ou Star Académie sont encore très populaires. Si on enlève la dimension de l’émission en direct, il n’y a plus vraiment d’intérêt. Donc, seulement pour cette raison on peut s’imaginer que la télé survivra et saura se renouveler. De quelle façon? Ça, seul l’avenir peut nous le dire.

Un autre dessein attendra-t-il la radio?

Et la radio elle? Il ne faut pas l’oublier! Elle aussi est malmenée dans le marché actuel. Les revenus publicitaires sont en baisse constante, et il n’est pas rare de voir des suppressions de postes, surtout en région plus éloignée. En 2021, Bell média avait d’ailleurs annoncé la suppression de plusieurs postes dans son processus de rationalisation. Bien qu’on ne sache pas combien d’emplois exactement ont été supprimés, de telles coupures sont rarement le signe d’une industrie en santé.

Permettez-moi de faire mon Nostradamus à trois sous. Bien que l’avenir semble difficile, je crois que la radio saura survivre à tout ce bouleversement médiatique. Elle est faite forte! On se rappelle qu’on lui prédisait sa fin quand la télévision est apparue et pourtant elle est encore là. J’irais même jusqu’à dire que la radio est probablement plus populaire que jamais. La preuve : la popularité incroyable des podcasts.

Studio de radio en direct

La baladodiffusion, grande sauveuse de la radio

Dans les dernières années, l’apparition des balados a probablement apporté un nouveau souffle à la radio. Il y en a tellement aujourd’hui. On connait tous quelqu’un qui s’est parti un podcast. Des compagnies ont des balados maintenant. Moi-même, je pense, en avoir fait deux ou trois (dont un avec notre cher Gab Gagnon). Ce n’est pas mêlant, même François Legault a son émission sur le web! Il y en a énormément et c’est tellement accessible.

Des applications d’écoute en ligne il y en a une pis une autre : Radio-Canada Ohdio, Apple Podcasts, Spotify, iHeartRadio, etc. Non seulement on peut écouter des balados ou on veut, quand on veut, on peut aussi les regarder. YouTube et Tik Tok se sont mis de la partie et les podcasts sur ces plateformes sont immensément populaires. Tout le monde a son podcast préféré et je ne peux plus compter le nombre de fois ou quelqu’un m’a parlé d’une nouvelle émission que je devrais écouter.

Je l’admets, je suis encore un grand amateur de la radio en direct, surtout dans ma voiture. Je me permets aussi d’écouter quelques fois des podcasts lorsque je conduis ou bien quand je fais le ménage ou la vaisselle chez moi. Les podcasts ont probablement permis d’augmenter les heures d’écoute de contenu radiophonique.

Quoi retenir de tout ça?

Les gens continuent d’avoir envie de regarder des émissions, d’écouter des contenus audios, de s’informer et de suivre leurs équipes sportives. Je crois qu’on assiste « simplement » à une transformation de nos habitudes qui vient avec l’apparition de nouvelles technologies et de nouveau support de diffusion, c’est tout. Il ne faut pas chercher à s’accrocher trop fort au passé. On risque de tout faire s’écrouler.

Les diffuseurs, les producteurs et les créateurs doivent trouver la façon de rester pertinents dans cette période de changements et suivre leur auditoire, parce l’auditoire, lui, ne restera pas sur place. C’est encore et toujours le même bon vieux principe de l’évolution. Comme le dit Mrs Potts dans La belle et la bête… It’s a tale as old as time !

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