Mieux chauffer, économiser et sauver la planète

Gabriel Gagnon Maison intelligente, Société, Voitures électriques Leave a Comment

Le GIEC nous envoie un avertissement clair : nous devons modifier nos façons de vivre pour sauver l’humanité d’une crise climatique dramatique. Pour y arriver, nous devons cesser rapidement d’utiliser des énergies fossiles pour nous déplacer, nous chauffer et nous éclairer. Le Québec est chanceux, son électricité est presque toute produite par des barrages hydroélectriques qui n’émettent pas de gaz à effet de serre. Une bonne partie du reste du monde n’a pas la chance d’avoir des réserves d’eau aussi importantes et doit produire de l’électricité avec du gaz naturel ou pire, du charbon. Pour sauver la planète, on devra peut-être se tourner vers… le numérique.

On doit s’éloigner du pétrole

Le dernier rapport est clair :

Les technologies numériques peuvent contribuer à l’atténuation des changements climatiques et à la réalisation de plusieurs objectifs de développement durable (ODD). Par exemple, les capteurs, l’Internet des objets, la robotique et l’intelligence artificielle peuvent améliorer la gestion de l’énergie dans tous les secteurs, accroître l’efficacité énergétique et promouvoir la l’adoption de nombreuses technologies à faibles émissions, y compris les énergies renouvelables décentralisées, tout en créant opportunités économiques.

On parle de thermostats intelligents, d’électroménagers connectés, de panneaux solaires branchés au reste du réseau électrique, de voitures qui servent de batteries portatives, entre autres. Pour éviter des changements climatiques catastrophiques, le GIEC affirme qu’on doit réduire nos émissions de GES de moitié avant la fin de la décennie. Les experts du climat affirment qu’on doit avoir atteint un plafond d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2025 et qu’elles doivent être réduites à néant d’ici 2050.

Logo de l'organisation

Atteindre ces objectifs sera difficile et demandera de grands changements dans la façon dont on consomme l’énergie. Il faut non seulement remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables, mais aussi réduire notre consommation d’énergie, peu importe d’où elle provient.

On le sait, le Québec est branché sur des barrages hydroélectriques qui produisent de l’électricité sans émettre de GES. Mais si on veut sauver la planète, il va falloir que nos voisins consomment de l’électricité tout aussi propre. Hydro-Québec peut exporter une partie de sa production, mais comme l’explique la PDG Sophie Brochu, il faudra tous faire notre part pour être capable de répondre à la demande extérieure.

Et c’est ici que les accessoires intelligents et les appareils connectés entrent en jeu.

Chauffer intelligemment

Au Canada, c’est sans surprise le chauffage des immeubles qui consomme le plus d’électricité. Les maisons sont presque toutes équipées de plinthes électriques, peu de fournaises au gaz ont été installées. Avec des périodes de froid qui peuvent atteindre -25 °C pendant plusieurs jours, si on veut une demeure confortable, on comprend que ça consomme beaucoup d’énergie.

Existe-t-il un moyen de vivre dans une maison confortable, sans gaspiller d’énergie? Il y a quelques années, la réponse était simplement non. Même les thermostats électroniques programmables sont susceptibles au gaspillage en chauffant une maison ou une pièce possiblement vide.

Avec le développement rapide des accessoires pour maison intelligente, il est maintenant facile d’utiliser uniquement l’énergie nécessaire.

La première étape : les thermostats intelligents wi-fi

Le plus simple, c’est d’installer un thermostat intelligent comme ceux vendus par Mysa, Nest ou Ecobee. Ces appareils remplacent vos thermostats à roulette ou électroniques et gèrent le chauffage de votre demeure pour vous. Mysa et Ecobee s’intègrent aux grandes plateformes de gestion de maison intelligente comme Google Home ou Apple HomeKit.

Thermostat intelligent pour plinthes électriques Mysa

Image : Mysa

Les deux offrent d’envoyer de la chaleur selon des heures préprogrammées, d’uniquement chauffer quand quelqu’un est à la maison ou d’utiliser les informations de capteurs intérieurs et d’une station météo connectée pour ne dépenser que l’énergie dont vous avez vraiment besoin pour être confortable. Ajoutez des capteurs sur vos portes et fenêtres pour forcer l’extinction des plinthes ou de la thermopompe quand elles restent ouvertes plus de quelques minutes, c’est très pratique au printemps. Ajoutez un capteur de mouvement dans le bureau pour éviter de le réchauffer quand il est vide, utilisez les barrières géographiques virtuelles pour préchauffer avant votre arrivée… les possibilités sont quasi infinies. Programmez-les une fois et oubliez-les, votre maison et votre appareil mobile travailleront pour vous.

Le système Nest, la solution de Google, pousse le concept un peu plus loin. Après son installation, on vous demande de modifier manuellement la température à votre arrivée et au coucher pendant quelques jours. Pendant cette période, Nest apprend de vos habitudes. Après ce délai, il se régulera lui-même pour que votre demeure reste confortable et qu’elle utilise le moins d’énergie possible. Il collabore toutefois beaucoup moins bien avec le plateformes qui ne sont pas de Google.

Choisissez bien votre thermostat puisqu’ils ne sont pas non plus tous compatibles avec votre système de chauffage et de climatisation. Ni Ecobee, ni Nest ne peuvent faire fonctionner les plinthes électriques, ils ne gèrent que les systèmes centraux. Il faut se tourner vers le Terre-Neuvien Mysa ou le Québécois Sinopé.

Notez que Mysa propose un appareil qui permet de contrôler sa thermopompe équipée d’une télécommande. Il se connecte aussi via wi-fi à HomeKit, Google Home ou Alexa, et peut être programmé de façons précises. Sachant que les thermopompes sont beaucoup plus efficaces que les plinthes chauffantes pour chauffer une maison, la solution est à considérer.

Et si vous voulez sauter directement dans le futur, il y a l’étape suivante, celle qui demande de faire communiquer sa maison avec l’extérieur.

L’étape suivante : la maison connectée à un réseau intelligent

C’est bien beau les thermostats intelligents, mais on doit les programmer nous-mêmes, s’assurer que les scénarios sont réalistes, que les scènes créées fonctionnent et que la famille au complet y trouve son compte. Même s’ils permettent une grande flexibilité et qu’ils peuvent faire sauver beaucoup d’énergie, donc d’argent, à leur propriétaire, ils sont plus compliqués à gérer qu’un régulateur à roulette ou électronique.

La solution la plus économe et viable à long terme : le réseau électrique intelligent. Imaginez un réseau qui se régule lui-même, qui aplanit les pointes, qui se guérit presque tout seul et qui coûte moins cher à opérer! Eh bien, ce rêve n’est pas si lointain! C’est d’ailleurs ce que souhaite créer Hydro-Québec avec Hilo, sa plateforme intelligente qui prend de la vitesse. Je vous donnais les premiers détails ici.

Et si la réalité a rattrapé les belles intentions des premiers discours, Hilo est un pas important vers un réseau plus résilient qui connecte des maisons moins énergivores. Les premières offres de la filiale d’Hydro-Québec se concentrent sur le chauffage et la réduction de l’intensité des pointes hivernales. Qu’est-ce qu’une pointe? Je laisse Hydro-Québec vous l’expliquer.

Tout le réseau électrique doit être construit autour des pointes et de la puissance qu’elles exigent. En temps normal, Hydro-Québec besoin de fournir une quantité Q d’électricité, mais doit monter à P en période de pointe, et doit être capable de le faire sans risquer de tout faire flancher. Ces périodes sont très intenses en hiver par grand froid.

Imaginez maintenant que votre fournisseur d’électricité puisse stabiliser son réseau non pas en construisant plus de barrages hydroélectriques ou de plus grands parcs éoliens, mais en incitant ses clients à consommer moins pendant des moments charnières prédéterminés. C’est ce qu’Hilo propose en redonnant de l’argent aux clients qui abaissent le point de consigne de leur chauffage et qui reportent le lavage des vêtements ou de la vaisselle. Pour y arriver, les thermostats d’Hilo sont connectés à une application mobile qui envoie une notification avant une pointe prévisible. Elle proposera par exemple d’abaisser la température de la maison à 18 degrés au lieu de 21 habituels. Si vous réussissez le défi, vous recevez un crédit sur votre prochaine facture. Selon les premiers clients, les crédits peuvent atteindre plus de 100 $ par année!

L'application Hilo, filiale d'Hydro-Québec

Image : Hilo

Je vous mentionnais dans mon premier article sur Hilo que le service n’est pas compatible avec HomeKit d’Apple, et ce n’est toujours pas le cas. Hilo promet une intégration prochainement, mais ne donne pas de dates. Je ne vous recommanderai jamais un produit techno sur la base des promesses d’un constructeur. Alors, si c’est une fonction essentielle pour vous, vous devriez patienter un peu.

Ces économies d’énergie permettent d’exporter l’électricité non utilisée par les Québécois en Ontario, aux États-Unis et dans les Maritimes, ce qui se traduit en profits pour la société d’État québécoise et en réduction de GES pour les clients dépendants du gaz ou du charbon.

Vers un réseau plus résilient

La réduction de la consommation n’est qu’un pas vers un réseau plus vert et plus résilient. Peu de pays dans le monde utilisent l’hydroélectricité à aussi grande échelle, beaucoup doivent bruler du gaz ou du charbon, ou utilisent l’énergie nucléaire. Pour ces juridictions, l’étape suivante, c’est la construction d’un réseau vert et résilient.

Plusieurs pays se tournent vers l’éolienne ou le solaire pour lâcher les énergies fossiles. Ç’a l’avantage d’être écologique, mais le désavantage d’être plutôt inconstant. Une journée moins venteuse ou avec un épais couvert nuageux, et la production diminue grandement. Pour pallier ce problème, les objets connectés devront communiquer avec le réseau. Pour diminuer la demande, mais aussi pour créer de l’offre. Parce que oui, à l’avenir vous pourriez devenir un producteur d’électricité.

Disons que vous avez une voiture électrique branchée toute la soirée et toute la nuit sur une borne à la maison. Vous avez aussi installé quelques panneaux solaires sur le toit de votre maison. Ils sont branchés à une grosse batterie dans votre garage, la Powerwall de Tesla, par exemple. Si ces power packs sont indépendants, donc pas connectés au reste du réseau, toute cette électricité est stockée sans raison.

Le Powerwall de Tesla, une batterie de maison

Imaginons maintenant que votre borne de recharge ainsi que votre batterie de maison sont intelligentes et parlent aux serveurs d’Hydro-Québec. S’il fait -19 °C à l’extérieur et que votre voiture et votre batterie sont pleines, le fournisseur d’électricité pourrait vous demander de contribuer à la production. Votre voiture pourrait alors renvoyer de l’électricité au réseau, en respectant un niveau de batterie prédéterminé pour vous permettre de vous déplacer, et votre batterie de maison pourrait prendre le relais sur Hydro pour vous alimenter et ainsi diminuer la demande. Hydro-Québec vous offrirait alors un crédit sur votre facture pour avoir fourni de l’électricité à ses autres clients.

En cas de panne, on pourrait assister au même spectacle. Pour ne pas surcharger les câbles de l’entreprise, votre voiture et votre pack de batteries pourraient vous alimenter pendant un moment, même si Hydro vous a rebranché. Ça évite un événement de pointe soudain, et diminue donc par le fait même les coûts d’entretien du réseau.

L’avenir est intelligent et collaboratif

Les thermostats intelligents, et les objets connectés en général, sont encore loin d’être universels, mais ils ne sont pas pour autant inutiles. Même si on n’est pas encore à l’étape du réseau complètement intelligent, si vous ajoutez quelques bits d’intelligence à votre maison, vous pourrez non seulement faire des économies substantielles, mais vous contribuerez aussi à sauver la planète. En plus, avouons-le, c’est assez chouette de ne pas avoir à faire le tour des pièces de sa maison pour les gérer. Une simple commande vocale peut tout faire!

Je pourrai par ailleurs faire une critique plus élaborée d’Hilo dans les prochains mois… Je ne vous en dit pas plus!

Ajouter un commentaire