Que se passe-t-il avec nos médias sociaux? Twitter, qui était déjà en lambeau, a abandonné sa marque mondialement reconnue pour satisfaire le besoin viscéral de son propriétaire de nommer un service avec la lettre X.
Meta a profité du chaos causé par Elon Musk pour lancer son clone. Threads est d’ailleurs la deuxième app de l’entreprise californienne à s’appeler ainsi. Presque du même souffle, Meta a commencé à bloquer les contenus d’information sur Facebook et Instagram.
L’été est habituellement une période creuse pour l’actualité techno, mais cette année, comme pour bien d’autres domaines (dont la crise climatique), elle est en ébullition. Comment s’y retrouver, et surtout où retrouver une plateforme saine pour discuter et échanger?
Twitter, X et Elon Musk contre la bunch
Le règne du fantasque Elon Musk chez Twitter est chaotique et incompréhensible, c’est le moins qu’on puisse dire. Après avoir renvoyé presque tous ses employés, ordonné des changements impopulaires dans les fonctions de l’application, obligé le paiement d’un abonnement pour obtenir un badge bleu (qui ne veut plus rien dire) ou pour utiliser le populaire Tweetdeck, et après avoir fait fuir les annonceurs, Musk a récemment changé le nom de son réseau social pour X.
L’histoire d’amour entre Elon Musk et la lettre « X » ne date pas d’hier. Quand il dirigeait PayPal, il voulait que l’entreprise s’appelle X. Chez Tesla, il a lancé le Model X, un VUS de luxe, et il a lancé SpaceX, une entreprise d’exploration spatiale et d’internet par satellites.
Mis à part le fait que ce soit un nom affreux pour une entreprise, c’est aussi la disparition d’une marque reconnue et synonyme de conversations publics. La marque était si forte qu’elle a participé à la création de nouveaux verbes comme tweeter et retweeter. Fini les Tweets, place aux Posts (même en français).
Mais comme d’habitude avec Musk, le changement est mal réfléchi et les vestiges de Twitter sont partout. L’URL du site n’a pas changé, même si x.com redirige vers la page d’accueil du site. Les pages d’assistance de l’entreprise sont toujours au nom de Twitter et les adresses courriel des employés finissent encore par @twitter.com.
Malgré que la critique soit quasi unanime contre ce changement de nom, Musk persiste et l’oiseau bleu est définitivement mort.
Des changements cosmétiques, mais aucune amélioration sur le fond
On pourrait espérer que ces changements permettent un redémarrage des investissements dans la plateforme, dans la modération et dans la décence. Mais non. X est encore un marais nauséabond rempli de trolls et de mauvaise foi.
Avoir une conversation civilisée semble impossible. Allez voir sous les publications de politiciens, de journalistes ou de personnalités publiques. Quand un nombre significatif d’utilisateurs se met à défendre Andrew Tate, on est en droit de se poser des questions sur la santé d’une plateforme.
Des néonazis bannis sont de retour et tolérés, Musk fait le perroquet de la propagande russe et il amplifie des théories du complot. Souvenons-nous de l’épisode à propos de l’agresseur de Paul Pelosi. Le propriétaire de Twitter… de X est assez lourd à couvrir depuis un an.
La PDG de l’entreprise, qui n’a aucun pouvoir, a même osé affirmer que sa plateforme est « en meilleure santé et plus sécuritaire » que jamais. Les faits prouvent le contraire.
X (Twitter) : Une plateforme à éviter
Personnellement, je ne peux plus supporter Twitter et son PDG… et encore moins ceux qui le défendent bec et ongles ou qui attaquent tous ceux qui publient sur le site. J’ai supprimé les comptes de GabGagnon.ca et de Ceci n’est pas un média. Je garde le mien actif uniquement pour y effectuer une veille, mais je ne tweet plus depuis un bon moment. Retrouvez mes publications sur Mastodon (celles de GabGagnon.ca ici) et sur Threads. Si vous ne savez toujours pas ce qu’est Mastodon, je vous invite à lire : Qu’est-ce que Mastodon, cette alternative à Twitter qui vole à pleine vitesse?
Comble de la mauvaise gestion: Twitter a refusé de collaborer pendant un long moment à l’enquête qui a mené à des accusations de complot contre Donald Trump. La Justice des États-Unis a obtenu un mandat pour accéder aux messages privés de l’ancien président. Un juge a écouté les arguments des deux partis et a tranché en faveur du gouvernement, mais Twitter a refusé d’obtempérer. L’entreprise doit maintenant payer 350 000 $ d’amende. La juge était, selon les transcriptions rendues publiques, furieuse de l’attitude des avocats de l’entreprise et contre son propriétaire. Je vous invite à lire le fascinant fil des événements ici (en anglais).
Est-ce que Threads, de Meta, est vraiment à la rescousse?
Que faire si on appréciait l’idée d’un fil de publications infini et en direct? Le concept est immensément puissant et permet la propagation de l’information à des vitesses jamais vues. Si Twitter n’est plus l’endroit pour partager ladite information, où pouvons-nous aller?
Meta souhaite qu’on se tourne vers sa nouvelle plateforme baptisée Threads. L’application est jolie, l’algorithme est bien pensé (même si mal aimé au départ) et des fonctions s’y ajoutent chaque semaine. Sauf que Meta, propriétaire de Facebook, Instagram et WhatsApp, entre autres, est loin d’être une entreprise complètement saine!
Facebook a un passé assez lourd de gestion douteuse de contenus répréhensibles, de passe-droits pour certaines personnalités très controversées, d’amplification de la colère pour capter l’attention des utilisateurs et, tout récemment, l’entreprise a prouvé qu’elle n’avait que peu d’égard envers l’information de qualité. La page Wikipédia des controverses autour de Facebook est plutôt longue!
Les contenus d’information sont maintenant bloqués sur Facebook et Instagram au Canada. Meta proteste contre l’adoption de la Loi sur les nouvelles en ligne, le projet de loi C-18 pour les intimes, par le parlement du Canada. Si Meta et le gouvernement ne s’entendent pas, les liens vers les sites d’actualité seront-ils bloqués aussi sur Threads? L’ancien ministre du Patrimoine ouvre la porte à une éventuelle réglementation du service, ce qui laisse présager une autre réponse forte de la part de l’entreprise de Mark Zuckerberg.
Musk va tellement loin dans sa campagne contre le gros bon sens qu’il a réussi à réhabiliter Mark Zuckerberg, sans que le principal intéressé ait eu à lever le petit doigt! Zuck, comme il se fait appeler sur ses réseaux, est maintenant vu comme un PDG brillant aux idées saines… alors qu’il était décrit comme un homme « sans principes » il y a à peine deux ans.
Écoutez cette entrevue entre Mark Zuckerberg et la journaliste Kara Swisher.
Le principal point positif avec le lancement de Threads, c’est sa future intégration au fédivers qui permettra aux utilisateurs ayant un compte sur les serveurs de Meta de communiquer avec les utilisateurs de Mastodon, entre autres, en toute transparence. Le PDG d’Instagram (service sur lequel Threads est basé) et ses ingénieurs ont répété à maintes reprises qu’ils travaillent en ce moment à intégrer ActivityPub au service. On ne sait pas quand, mais c’est à l’agenda.
Alors, sans alternatives convaincantes, on fait quoi?
Même si Mastodon et Threads sont fonctionnels et permettent de combler une partie du vide laissé par la descente aux enfers de Twitter, ni l’une ni l’autre des plateformes ne l’a remplacé pour le moment. Cette débandade m’a toutefois fait réaliser qu’il vaut mieux prendre son propre destin en main et gérer son propre fil d’actualité.
La mission de GabGagnon.ca est déjà d’être un lieu de partage et de discussion sur le 21e siècle, orienté techno, média et culture pop. Alors, pourquoi ne pas pousser l’idée encore plus loin en y intégrant mes courtes réflexions, les liens intéressants que je trouve sur le web, des tests express?
Le microblogue de GabGagnon.ca est lancé!
C’est en réalisant que les grandes plateformes échouent que l’idée de faire grandir la mienne a émergé. Depuis près de 10 ans maintenant, GabGagnon.ca est l’endroit parfait pour partager sans les contraintes imposées par les intermédiaires.
Vous remarquerez qu’un nouveau Fil d’actualité a été sobrement intégré à la page d’accueil du site web ainsi qu’à droite de la page d’un article . Sur la version mobile du site, vous retrouvez le fil en défilant quelque peu la page d’accueil et tout en bas d’un article.
Le Fil d’actualité me permet déjà de publier de courts messages qui ne méritent pas un long article de blogue. Il n’est pas encore parfait, je ne le gère d’ailleurs pas encore via mes serveurs, mais j’aime beaucoup ce premier résultat. Il sera appelé à évoluer au fil du temps et des mises à jour.
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